La bodhichitta

24 juin 2012

Voilà déjà que s'amorce la belle saison estivale! Pour les enfants, l'année scolaire vient tout juste de se terminer et ils s'empressent de courir jouer dehors et de profiter des nombreuses activités avec leurs amis (es) et leur famille. Pour les grands, c'est le remue-méninges de la planification des vacances et des projets à réaliser au cours de l'été. Que ce soit pour un ou pour l'autre, cette merveilleuse période de l'année est précieuse, et nous permet, plus souvent qu'autrement, de nous accorder du temps et de l'espace pour se rapprocher de soi-même et de ceux que l'on aime.
 
Il suffit souvent de peu pour s'émerveiller, se laisser toucher et saisir vivement l'occasion d'un instant magique... Des enfants qui rient à coeur joie, un coucher de soleil plombant sur le lac, une promenade en solitaire au milieu d'une forêt à mi-ombre reflétant l'ardeur du soleil, des canetons à mi-couvert sous leur maman sur le bord de la rive, une personne âgée qui se prélasse sur le banc d'un parc.... Ce sont tous des moments à méditer pour faciliter l'entrer en contact avec soi. Par le fait même, ce sont toutes des opportunités à partager avec vos enfants afin de les sensibiliser à la nature, à l'être humain et à la réalité de la vie. Cet enseignement est un excellent moyen pour les accompagner dans l'ouverture de leur coeur...un outil qui leur permettera tout au long de leur vie de réussir et de réaliser de grandes choses. La réalisation de nos rêves et de notre meilleure version de soi-même commence par l'écoute de notre coeur.
 
Par ailleurs, l'été est également une occasion propice pour être davantage sensible aux situations plutôt difficiles qui se déroulent autour de soi à tous les jours dans notre société, dans notre famille, au sein de notre couple, auprès de nos enfants, et qui, dans l'étourdissement du train-train quotidien de l'année de labeur, nous glisse dans une non-disponibilité nous prévenant de nous laisser toucher par ces évènements parfois malheureux...les manifestations étudiantes qui traduisent un problème de société important, l'isolement de votre conjoint, l'intimidation dont est vicitme votre enfant, les insatisfactions non-dites qui circule dans la famille, les troubles alimentaires de votre adolescent,...pour ne nommer que ceux-là.
 
Que vous vous trouviez devant une situation de bonheur ou de douleur, pour que vous puissiez être conscient de votre réalité et la vivre profondément, vous devez ouvrir votre coeur et vous laissez imprégner de vos émotions.   
 
Pour atteindre cet état profond de coeur, de simplicité et de pureté, nous avons besoin d'abandonner les barrières de protection que nous avons mises en place dès notre plus jeune âge afin de faire une place à notre vulnérablilité et à l'ouverture de notre coeur.   
 
Sur cette élan d'exaltation estivale et d'ouverture,  je vous invite donc à faire appel à votre "bodhichitta". Ce mot sanscrit signifie "coeur noble ou éveillé". C'est ce point de vulnérabilité qui nous permet d'entrer en contact avec notre coeur authentique. C'est cet endroit à l'intérieur de nous où l'on peut se laisser aller à la tendresse de la vie, à sa propre couleur, sa propre douleur, à la souffrance d'autrui...à la compassion pour soi et les autres. Le seizième Gyalwa Karmapa, grand maître bouddhiste, proclame "Vous absorbez tout. Vous laissez la douleur du monde vous toucher au coeur et vous la transformez en compassion."
 
La bodhichitta est présente en chacun de nous, sans exception. L'accès à cet espace dépend uniquement de la volonté de chacun à la laisser surgir, peu importe la part d'égoïsme, d'insécurité, d'impatience, de méchanceté, ou d'avidité qui habite notre vie. C'est comme "l'huile qui est toujours présente dans l'olive"... on ne la voit pas, on ne la touche pas tant que l'on n'a pas porté d'actions concrètes pour l'extraire de l'olive.
 
Essentiellement, la bodhichitta représente le secret de l'apaisement et du soulagement de notre coeur quand au cours de notre vie tant des moments de grands bonheurs que des moments d'incompréhension, de peur, de douleur, de rejet ou même de découragement font surface. Nous croyons, à tort, qu'en nous protégeant de la souffrance nous faisons appel à la bienveillance envers nous-mêmes. En réalité, nous nous endurciçons et nous nous consolidons de plus en plus dans notre monde de fuite et de souffrance. Cette séparation avec la réalité nous enferme dans une prison qui nous limite à nos espoirs, à nos peurs et aux souffrances des autres.  Au contraire, quand nous nous ouvront et nous laissons notre coeur se briser devant nos sentiments, quels qu'ils soient, nous nous rapprochons de soi et des autres.
 
Ainsi, pour éveiller votre bodhichitta, lorsque vous ressentez du bonheur, expirer ce bonheur en l'envoyant sur les autres autour de vous. Lorsque vous ressentez une souffrance, tristesse ou injustice, inspirez votre douleur en formulant le souhait que tous puissent être dépourvus de douleur. Ce principe bouddhisme est une voie vers la tendresse essentielle et la compassion chaleureuse envers l'humain et les êtres vivants.
 
Sur cet exercice estival, je vous souhaite de faire naître votre bodhichitta et de vivre un été exemplaire avec vous-même, vos enfants et votre famille.